Soufliman est un invisible qui est arrivé à Pitipays depuis peu. Auparavant, il vivait surtout dans des contrées plus au sud avec son peuple.
Sentant que son destin était ailleurs et ayant envie de découvrir le monde, il décida de partir à l’aventure.
Il aurait dû continuer son périple plus au nord mais lorsqu’il arriva à Pitipays, il fut accueilli si chaleureusement par Dame Faunia qu’il décida de s’attarder quelque temps sur ces nouvelles terres. Lors de leur rencontre, Dame Faunia était en train de s’occuper d’oisillons, avec d’autres invisibles de sa brigade, le temps que leur mère revienne avec de quoi les nourrir. Les oisillons semblaient frigorifiés en cette matinée de printemps qui gardait pourtant des restes de l’hiver glacial qu’avait connu Pitipays. Tellement froid que certains invisibles avait décidé de ne pas sortir de leur habitat durant une bonne partie de la saison.
Soufliman alla se présenter à Dame Faunia et ses compagnons. Devant les oisillons recroquevillés, il sortit quelques touffes duveteuses de l’intérieur de son chapeau qu’il plaça entre les oisillons et sur les bords du nid. Quelques instants plus tard, de petites têtes apparurent par dessus les touffes, et quelques gazouillis se firent entendre. Les petits semblaient en meilleures conditions pour attendre le retour de leur mère avec le repas.
Dame Faunia fut agréablement surprise par cette matière.
« Cela ressemble à du pelage, dit-elle en examinant le reste d’une touffe qui volait au vent devant elle.
– En effet, dit Soufliman, les invisibles de mon peuple ont pris l’habitude de récolter les poils que certains animaux perdent lors de leurs mues. Généralement, nous les utilisons plutôt en protection lorsque nous travaillons en hauteur pour que toutes chutes soient sécurisées. Mais nous avons remarqué que cela pouvait aussi servir d’isolant contre le froid tout en gardant ce coté douillet.
– Impressionnant, dit dame Faunia en pleine réflexion sur le sujet. Soufliman, que diriez-vous de rester quelque temps parmi nous. Je suis sûre que vous pourriez nous en apprendre beaucoup sur votre culture et peut-être découvrir certaines choses de la nôtre.
Soufliman réfléchit, il était partagé entre son empressement de découvrir le monde qui l’attendait et cette parenthèse à son voyage qui pouvait se révéler enrichissante. Son regard se fixa sur celui de Dame Faunia.
– Je prends cette rencontre comme un signe du destin, dit Soufliman en souriant, je reste. »